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Victoire et découverte au col de la Loze

Ce samedi 7 mai était la date officielle de l’ouverture du Col de la Loze (2304 m) et à cette occasion se tenait le désormais classique contre-la-montre du col de la Loze, organisé par Courchevel Sport Outdoor et baptisé cette année « First Col de la Loze 2022 ».


Le premier départ était donné à Courchevel Praz à 11 h sous un ciel laissant passer quelques éclaircies et ce sont 17,3 km pour 1100 m de dénivelé qui attendaient les quelque 25 courageux coureurs présents au départ. La course en elle-même se déroule sur la route qui monte à Courchevel 1850, mais les principales difficultés et les pourcentages redoutables se trouvent sur les 6 derniers km, sur le bitume impeccable de la piste cyclable récemment créée entre l’altiport et le col de la Loze. Après 11 km de route « classique », c’est clairement sur cette piste irrégulière et pentue que se creusent les plus gros écarts et qu’apparaissent les défaillances que redoutent les coureurs.


Anthony et Christian sont partis en Tarentaise affronter les pentes du col de la Loze et porter haut les couleurs de l’UCC.

Anthony, nouveau grimpeur du club dont c’était la première course cycliste, nous raconte sa journée :


« C’est avec enthousiasme, grand plaisir et absolument aucun stress – mes objectifs étant en accord avec mon niveau d’entraînement à peu près inexistant – que j’ai participé à cette grimpée. Mes seuls objectifs étaient donc de terminer l’épreuve sans trop subir (j’y reviendrai plus loin), de profiter du cadre exceptionnel de la course et de me forger une première expérience en compétition, le tout sans trop entacher l’image de nos belles couleurs cogneraudes !


Mon premier constat est que l’on a vite fait, dès le départ, de se laisser emporter par les jambes fraîches, le mental prêt à en découdre, le tout encore rehaussé par une belle dose d’adrénaline. Ainsi je m’élance gaiement deux zones au-dessus du seuil à tenir et il me faut bien un kilomètre pour en prendre conscience et rectifier, faute de quoi je le paierai par la suite. Il est d’autant plus facile de se laisser emporter que l’on croise beaucoup de concurrents sur les premiers kilomètres et il serait facile de se laisser distraire à partir en chasse ou tenir la distance avec un autre cycliste. L’expérience bannit par la suite ces comportements et chacun doit faire sa course, gérer son effort, car c’est la seule façon de donner le meilleur (les anciens sont de bons conseils). Bref.


Une fois recalé et habitué à délivrer la puissance souhaitée (ne pas croire que l’effort paraît sur la retenue, il faut quand même forcer !), les kilomètres défilent, comme dans un col classique en somme. Les pistons s’activent avec alternance, un contrôle périodique de la puissance pour surveiller et la machine tient son rythme de croisière. On en profite alors pour lever la tête et regarder les montagnes enneigées autour de soi. La route est encore sèche. Ça ne durera pas !

Après 11 km de montée la route dévie et emprunte la partie finale, une petite route goudronnée réservée aux cycles. Nous sommes alors entourés de neige et l’ambiance n’est plus du tout la même. Magique !


Sur la route trempée s’écoule la neige en amont et il faut désormais faire au mieux pour composer avec la pente aussi mordante qu’irrégulière : cassant pour les jambes et le moral ! De longues portions, parfois jonchées de virages, laissent espérer un replat mais ce qui se dessine en amont n’est que la suite de l’enfer déjà gravi. L’altitude et les gros pourcentages forcent alors à puiser dans le mental et dans le reste de jambes pour entretenir une danseuse qui ne demande qu’à rester collée au bitume. Le cœur est alors bien haut. On cherche comment récupérer soit des jambes soit du souffle. On n’aura rien !

Il faudra tenir jusqu’à un replat descendant pour changer de versant et se refaire une santé avant d’affronter les quelques kilomètres restant, du même calibre que ceux juste avant !

C’est dur, on y arrive, on tient. D’autant que l’arrivée est à vue, plus haut. Ça aide beaucoup. Il faut s’arracher tout de même pour finir. Ouf ! On l’a fait !


Une fois au sommet et le souffle repris, l’organisation au top nous propose un barbecue et diverses choses pour se reconstituer. Je n’ai rien mangé durant la montée, sur une heure je m’étais dit que ça allait largement avec la boisson isotonique, et puis je n’ai pas eu faim même si ce n’est pas une donnée fiable…


Il faut maintenant redescendre tranquillement, en profiter pour faire quelques photos. Et reprendre la route avec des souvenirs plein la tête !


Une très belle première course pour moi donc. »

Christian, habitué des grimpées et des cyclosportives à profil accidenté, nous livre son récit :


« J’ai pris le départ avec 3 objectifs. Tant qu’à faire…


Le premier était de profiter, malgré la difficulté de la course, des paysages enneigés et du cadre magnifique et inhabituel qu’offre cette grimpée très haut perchée pour un début de mois de mai. Ensuite, je souhaitais faire découvrir à Anthony l’ambiance, les plaisirs, les sensations et les souffrances d’une course cycliste. Enfin, je me fixais comme objectif de m’approcher le plus possible de mon temps de l’an dernier, 56'46 ». C’est ambitieux car j’avais réussi un bon chrono en 2021 en finissant 8e au scratch et 1er de ma caté.


La course en elle même, du fait de son format en contre-la-montre, est solitaire de bout en bout et on se retrouve avec les chiffres de puissance du compteur et les paysages comme seuls compagnons de route. La stratégie est d’une simplicité biblique tout en étant extrêmement difficile : il faut rester au plus près de son seuil anaérobie et essayer de ne pas trop baisser en puissance passés les 2000 m d’altitude où la température sous les 7 °C accentue d’autant plus la baisse du rendement physique.

L’essentiel du parcours s’est déroulé de façon prévue, j’ai réussi à prendre un gel 1 km avant le premier gros raidar de la piste cyclable, ce qui fait que je n’y suis pas resté collé comme l’an dernier avec les doutes qui s’ensuivent et le mental qui en prend un coup. Quasiment au même endroit qu’en 2021, Nicolas Ougier m’a dépassé. J’ai bien essayé, dans un sursaut de fierté, de le rattraper, mais notre écart est resté stable pendant les 5 derniers km, malgré ma volonté. Qu’importe… Je franchis la ligne d’arrivée en 56'01" avec l’immense satisfaction de battre mon temps de l’an dernier de 45 secondes, ce que je pensais irréalisable. Le temps de se changer, d’enfiler un maillot manches longues, de se restaurer au barbecue, de prendre des photos et de discuter un peu et c’est déjà la remise des prix. Je me classe donc 4e au scratch et 1er de ma caté, à l’issue d’une course que j’estime réussie. Mais ce n’est pas là l’énorme surprise…

Cette course est habituellement déclinée en 3 sessions au cours de l’été et c’est à l’issue de ces 3 courses que, pour ceux qui les ont toutes faites (et seulement eux), leurs temps sont cumulés et un classement total est établi : les 5 premières places du scratch cumulé hommes et femmes ont des « prize money » très bien dotés puisque atteignant un total de 3000 € tout de même (n’oublions pas que nous sommes à Courchevel !) L’information figurait sur le site internet de Courchevel Sport Outdoor, mais pour moi comme pour la plupart des coureurs, elle est passée inaperçue : cette année, une seule session ! La course n’a donc lieu que le 7 mai et c’est donc une remise des prize money qui nous attendait. Immense surprise pour moi quand je reçois un chèque de 200 € en tant que 4e au scratch homme. Cette récompense financière inattendue s’ajoute à la satisfaction de mon chrono, et fera de cette date un souvenir marquant.


J’encourage les membres de l’UCC à venir participer à cette course hors norme les prochaines années, c’est de toutes façons un moment particulier dont on se souvient. »


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